vendredi 25 mars 2016

Les Bodin's ... Et face de bouc ....



Vidéo non contractuelle ... Bon week end de Pâques mes petites biches et mes bichons !

jeudi 24 mars 2016

Satin Doll ...

Cher Jean-Jacques,

Lundi, quand nous nous sommes vus, vous m'avez demandé s'il m'arrivait d'être triste.
J'ai répondu que la perspective de perdre un être cher était ce qui me rendait le plus triste.
Puis, je vous ai exposé mon avis sur la vie, rien de moins, et ce cadeau qu'elle représentait à mes yeux. La vie. Ce cadeau que m'ont fait mes parents.

En vérité et comme je le fais toujours, j'avais chassé de ma mémoire ces atrocités commises dans le monde qui portent le nom de terrorisme. J'avais chassé de mes entrailles cette crainte d'être emportée par un souffle dans le métro au milieu d'autres qui ne sont pas les miens.
En vérité, la peine qui m'emporte quand de tels actes sont commis, rigolant à la barbe de la liberté dont nous chérissons le nom et de l'insouciance qui nous fait marcher comme sur un nuage, cette Peine, me plonge dans une tristesse sans fond ni fin.
Pour autant, cette  génération, qui ne sait pas si elle rentrera chez elle le soir, cette génération et sa relève, comme d’autres l’ont fait avant, force le trait de la vie.
On a les armes qu'on peut.
En parlant d’armes, vous m’avez fait, pendant notre entrevue, cadeau de cette citation de Dostoïevski, tirée de l’Idiot :
« C’est la beauté qui sauvera le monde ».
Je dois dire que je n’ai d’abord vu dans cette phrase que la notion d’espoir dont elle me semblait être porteuse. Instinctivement, l’idée du Beau inspire en moi la lueur d’un mieux. Vision simpliste livrée lors d’un échange de coin de table, que vous avez accueillie avec politesse, je vous en remercie…
 Puis, cette phrase a envahi mes pensées.
J’ai voulu savoir à quel point j’avais été limitée dans mon analyse de coin de table...
C’est Fiodor, un homme belge (il est des coïncidences …) auteur d’un article sur internet qui a fait chauffer mes synapses.
J’ai donc appris (pourtant j’avais lu l’Idiot, « quand j’étais une enfant » …)  qu’ « Hippolyte Terentiev, un jeune homme tuberculeux, révolté et pathétique» avait prononcé cette phrase en s’adressant « au prince Mychkine, le héros principal du roman  [l’Idiot donc]» qui « voue un amour plein de compassion à la belle et douloureuse Nastassia Filippovna » un « amour pur et respectueux [qui] contraste fortement avec la passion destructrice que Rogojine, autre héros du livre, éprouve pour la même Nastassia  (…) « Mais Mychkine – «idiot» aux yeux des hommes, parce qu’il voit le monde avec un regard d’empathie et d’innocence – a compris que cette beauté est blessée, qu’elle est en attente d’une rédemption, d’un accomplissement. Devant un portrait de Nastassia, Mychkine s’écrie: «Ah, si elle avait de la bonté, tout serait sauvé!». 
Voici qui a alors étoffé nettement mon approche de coin de table…
La beauté est donc inséparable de la bonté : « Celui qui fait quelque chose de bien, écrit Fiodor,  fait en même temps quelque chose de beau » il ajoute dans son analyse que « La beauté qui sauve est la beauté de Dieu, en qui vérité, bonté et beauté se confondent ».
Plus loin, Fiodor enrichit son analyse d’un propos tenu par le Pape Benoît XVI dans un discours qu’il adresse aux artistes : «La beauté authentique ouvre le cœur humain à la nostalgie, au désir profond de connaître, d’aimer, d’aller vers l’Autre, vers ce qui est au-delà de soi(…)»…
C'était donc tout cela que voulait signifier Dostoïevski en faisant poser cette question par l’un de ses personnages «C’est la beauté qui sauvera le monde »…
Après avoir compris cela (j’ai dû lire et relire l’analyse pour être certaine de ne pas rester plantée dans mon analyse de coin de table) et parce que le lendemain de notre rencontre Jean-Jacques, des attentats ont eu lieu en Belgique, je me suis sentie peut être mieux armée pour affronter cette peine immense et reprendre espoir.
 Il me manquera encore longtemps la capacité de comprendre les choses avec autant de profondeur pour avoir des armes en réserve face à ces actes ignobles, mais j’y travaillerai, à la lueur de la Beauté.
Bien évidemment il me démange de vous redire, les gars,  que le Dieu qui nourrit votre combat, bande de lâches, est un Dieu qui n’existe pas. D’autres l’ont inventé comme un prétexte pour servir une cause dont vous êtes les explosifs de chair et d’os.
La Beauté est la Bonté. Qu’avez-vous fait de votre enfance, à quel moment la Beauté a cessé de vous servir de guide et d’espoir ?
 Je tiens donc à enrichir la réponse que je vous ai faite lundi Jean-Jacques : oui il m’arrive d’être triste et cela me submerge plus ou moins, mais il me semble, grâce à ce cadeau de la Vie que m’ont fait mes Parents, en le ficelant visiblement avec assez d’espoir et de foi, parvenir à remplir un certain « réservoir » qui doit être mon cœur, toujours suffisamment pour éteindre cette tristesse quand elle pourrait me noyer et altérer mon jugement quant à la nature humaine.
La Beauté est mon espoir et mes enfants en sont l’étoffe.
Merci à vous, Jean-Jacques, de m’offrir de votre temps pour des bavardages qui semblent anodins mais qui comme vos dessins ouvre mes yeux sur le vaste genre humain.
Enfin, pour donner à cette lettre une note plus légère, j’avais envie de dire à mes lectrices que vous aviez joué pour moi lundi ce morceau au piano de Satin Doll, de Duke Ellington … Mais enfin, si je leur disais, elles trembleraient de jalousie, je ne leur en  parle donc pas… (mais c’était extraordinaire …) Merci.
A très bientôt Jean-Jacques (oui ce Jean-Jacques là, Sempé) .

mardi 22 mars 2016

jeudi 10 mars 2016

Sempé ...

Lundi dernier j'ai déjeuné avec Jean-Jacques Sempé.
 
Je déconne pas.
J'ai déjeuné avec Monsieur Sempé. "Ne m'appelez pas Monsieur Sempé mon p'tit chat, appelez moi Jean-Jacques".
 
Ca n'est pas rien d'être à ce point touchée par quelqu'un, qu'on ne connaît pas.
 
On est parfois sensible à des accords, une musique et des paroles, mais quand la musique se dessine, que la ritournelle des mots s'y ajoute et vous transportent ENFIN ailleurs, c'est une expérience incroyable.
 
Je ne lis jamais vite les dessins de Sempé.
Quand j'ouvre un de ses livres, je prends mon temps, tout mon temps.
Mes joues sont pleines de joie et mon cœur plein de gratitude.
Je fais comme s'il y avait une connivence entre nous. C'est prétentieux, mais pour une fois je m'en moque. Personne ne viendra me le reprocher, je suis prétentieuse de l'intérieur...
 
Avant de le rencontrer (j'ai saoulé toutes mes copines, mes parents, mon oncle, mes enfants, le chat de la voisine, les fleurs sur mon chemin) je lui ai écrit. Il m'a répondu. On s'est appelé et puis on s'est vu.
 
Pendant toute la rencontre j'ai eu les joues pleines de joie. 
Je crois que je l'ai fait un peu rire.
"Vous êtes une petite merveille de la vie" m'a t-il dit en me quittant. 
Je n'avais pas besoin de plus.
Sans blague? je cite : "une petite merveille de la vie" Jean-Jacques Sempé.
 
Monsieur Sempé a également trouvé que "le Barbu" de "là-haut", qui parfois "déconne un peu"  "Ne m'appelez pas Monsieur Sempé mon p'tit chat, appelez moi Jean-Jacques", avait plutôt bien programmé les choses. Il n'a pas dit "programmé", mais quelquechose qui voulait dire "nous avoir mis sur le chemin l'un de l'autre". C'est énorme n'est ce pas ? et à l'heure qu'il est, tu es certainement jalouse et tu as raison.
 
 
 
Voilà, je voulais partager ici cette immense joie dont je ne me suis toujours pas remise.
Et parce que j'ai la chance de n'avoir pas tout vu, ni lu de Jean-Jacques Sempé et que j'ai donc de surcroît la perspective heureuse d'avoir encore tant à rire et tant à lire de lui, cette joie immense va continuer de grandir...
 
Bref, je ne suis plus que gratitude...
 
#coeuraveclesdoigts
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